Gilles PERSILIER

Paysan Vigneron Auvergnat

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La nature de mon vin

Mon grand-père Amable par qui tout arrive

« Ni bon vin, ni bon monde » C’est le dicton du village où je suis né : Combronde …»

Ce n’est donc pas là que m’est venue la vocation. Pourtant, c’est ici que mon grand-père Amable, très bonne personne (il faut se méfier des dictons !), a « vannié ma berte » en osier et l’a remplie de la lourde vendange.

Je me rappelle de sa vigne déjà en syntropie avec fraisiers et asperges aux pieds des ceps. Dédé et Josette, mes parents, très occupés par leurs métiers d’accouveurs de petits poussins m’ont inculqué deux principes : finir ce qu’on commence et le faire bien.

Papa, menuisier de métier, amoureux du bois m’a appris l’application, le respect de la matière et à être précis pour que « ça tombe pile en face » !

La révélation de l’alchimie du vin

C’est bien plus tard, après une scolarité agricole pourtant non spécifique, au contact des adhérents de la coopérative où je suis employé comme technicien agricole que l’envie de percer les secrets de l’alchimie du cep au vin m’est venue.

Jojo et Henri, paysans vignerons, personnages hauts en couleur, ont été les maîtres de mon apprentissage des pratiques viti-vinicoles.

Au décès de Jojo Bourcheix, Michèle, m’a confié la tâche de prendre le relais de son mari dans « Ses » vignes, si précieuses.

Mon expérience de prescripteur de la propagande productiviste a été utile pour me révéler les grands maux d’une agriculture moderne, conventionnelle et délétère.

Pourquoi Gergovie ?

Entré en 52 avant Jésus Christ dans l’histoire avec la victoire de Vercingétorix sur les troupes de César, le plateau de Gergovie est un site privilégié de l’élaboration du vin.

Je m’y installe en 1995 et en raconte un peu l’histoire au travers des noms donnés à mes cuvées : Vercingétorix le fils, Celtil, le père, Verca le cousin et quelques divinités qui nous indiquent le respect que la nature inspirait alors aux autochtones : Cernuna, Taran, Epona….

Situées sur les coteaux les mieux exposés du plateau (sud et est) les vignes bénéficient des pentes bien drainées grâce aux sols argilo-calcaires où abondent les pépérites, éléments volcaniques projetés qui donnent au vin d’Auvergne tout son caractère.

Ma prise de conscience

J’ai longtemps consacré mon temps à tout mettre en place, en ordre de marche, négligeant l’essentiel, ma famille et les plaisirs du vivre ensemble.

Juliette, Matthis et leur Maman ont subi l’obsession de « finir ce qu’on commence », d’aller au bout. Je les remercie de leur patience et de leur indulgence. Ils ont sans doute été les catalyseurs de la prise de conscience que mes pratiques viti et vinicoles étaient nuisibles et pernicieuses pour eux, pour moi, pour vous et pour tout ce qui nous entoure.

Utilisant déjà des pratiques de réduction des intrants, de travail parcimonieux des vignes, je me suis engagé sur la voie d’une viticulture durable, plus respectueuse de l’environnement et des êtres vivants, en convertissant la ferme en 2009 à l’agriculture biologique.

Dans les vignes …

Dans les vignes, il faut rendre le sol et la plante à nouveau sensibles et réceptifs aux nombreuses influences subtiles de la terre et du ciel.Pour cela, il est nécessaire de mieux observer, ressentir et comprendre le terroir qui nous est confié pour agir en connaissance de cause.

Dans un environnement naturel équilibré, il est plus aisé d’entretenir un sol vivant et fertile et de respecter mais aussi de renforcer les processus de vie pour stimuler la croissance et la santé des plantes qui grandissent en harmonie avec la nature.

Dans le vin …

Dans le vin, afin de préserver son authenticité et sa typicité, sans en altérer le goût mais au contraire pour le révéler et le relever, je m’applique surtout à accompagner les processus de la vinification et de l’élevage naturels plutôt qu’utiliser les artefacts cosmétiques et biocides.
Pour une démarche plus globale et plus efficace, il convient également de tout mettre en œuvre pour limiter le gaspillage, la surconsommation des emballages et l’impact sur l’environnement des procédés de fabrication.
L’installation en 2016 dans de nouveau locaux en ossature bois, isolés en matériaux renouvelables avec le traitement des effluents par phyto-épuration, va dans le sens d’une performance efficiente mais durable.

N’utilisant que du bouchon naturel, je mets en place la consigne de bouteilles sur lesquelles les étiquettes seront solubles dans l’eau.

le cycle vertueux de la nature

La vigne est une monoculture où la biodiversité est mise à mal par des déséquilibres environnementaux et des pratiques néfastes.De nouvelles voies s’ouvrent, il est urgent de s’y engager.

L’agroforesterie, la syntropie etc… peuvent nous aider à converger vers une agriculture restauratrice de la fertilité des sols et régénératrice du vivant.

A l’approche de la transmission de ma ferme viticole, je compte consacrer mon temps à cette tâche lourde mais passionnante, pour un retour à l’essentiel et au bon sens paysan de mon pépé Amable : le cycle vertueux de la nature unifiant les pratiques et les générations.

AOC Côtes d’Auvergne – Vin de pays du Puy de Dôme – Vin de France